Le Président Macron a promis une police de sécurité quotidienne, variante de la police tournée vers les citoyens aussi nommée police de proximité, police de quartier et dans les pays anglo-saxons police orientée vers la communauté.
De quoi s’agit-il ? Une telle police a pour fondation des principes généraux (ou une « vision »), qui sont souvent déclinés de manière distincte d’une ville ou d’un Etat à l’autre: confiance, service, transparence. Ces principes sont transposés dans une stratégie organisationnelle.
Faire de la police de sécurité quotidienne, c’est donc modifier l’organisation de la police en fonction de cette finalité. Première conclusion simple: on ne fera pas la police de sécurité quotidienne en ne changeant rien à l’organisation ! La stratégie organisationnelle est à la fois nationale et locale. C’est une particularité de la France et des pays à polices centralisées que ne connaissent pas les promoteurs historique de la police orientée vers la communauté car leurs polices sont régionales ou municipales. Deuxième conclusion: il nous faut raisonner aux deux niveaux.
La police de sécurité quotidienne nécessite donc une « vision » (ce qu’on veut faire) et une « stratégie » (comment on va le faire, et sur quelle durée). Les deux choses auraient intérêt à être décrites précisément dans une doctrine de police. La doctrine porte sur la bonne manière de mettre en oeuvre des principes, ce n’est ni une loi générale, ni un règlement d’emploi, très précis, fixant par exemple les conditions de travail.
La vision contient en général les éléments suivant: une volonté de gagner la confiance de la population, ce qui se fait en augmentant la transparence de la police (sur ce qui va bien et aussi moins bien, et notamment l’inégalité devant la police, l’usage de la force), et en tournant la police vers les besoins des habitants et usagers (ce qui suppose de les connaître, et donc de les mesurer) besoins qui varient suivant les territoires. Ceci implique une seconde notion, celle de décentralisation.
La stratégie locale doit inclure la conception puis la mise en oeuvre de mécanismes locaux pour augmenter la confiance (la couverture du territoire, la « fidélité » des agents à un même territoire) et la satisfaction en raisonnant en terme de service rendu (le travail de police est fait d’un ensemble de tâches et processus dont il faut savoir la qualité), et la redevabilité de la police vis-à-vis du niveau local (à la fois les élus et les populations). L’efficacité à réduire les troubles et les délits est un élément d’une stratégie plus globale qui vise à la qualité de la police (service, égalité), il n’en est plus la pierre de touche sans devoir être négligé. C’est ici que le basculement culturel est important chez les professionnels. L’enjeu déborde donc largement la question des patrouilles pédestre, de « l’ilotage », même si ce point fait partie des pratiques nécessaires. Il faut organiser les commissariats et les gendarmeries péri-urbaines pour être capable de développer ces pratiques nouvelles ou de les consolider: leur implantation dans l’espace, les processus internes de division du travail; la compétence des agents.
La stratégie nationale doit permettre de fixer le cadre de la doctrine, un point essentiel car il en va de la fabrication d’une sorte de compas pour s’orienter, d’expérimenter le modèle pour apprendre du terrain et de faire les retour d’expérience avec les professionnels et les les usagers locaux. Elle doit aussi se traduire au plan organisationnel: il faut construire les services centraux nécessaires à s’assurer de la performance (conçue comme recevabilité et qualité du service, réduction des désordres), à leur suivi et leur évaluation. Cette tâche ne se confond pas avec celle des inspections. Elle est plutôt assimilable à une direction de la qualité de la police et de la gendarmerie rattachée au Ministre.
C’est dire que la police de sécurité quotidienne ne se résume pas à des petits aménagements locaux, quelques réunions partenariats saupoudrées ici ou là et plus de patrouilles à gauche et à droite (on ne dit plus à gauche ou à droite, n’est-ce pas !).