Le décès du parti socialiste, conséquence imprévue des attentats

La France n’a pas fini de vivre les conséquences des attentats sur le plan sécuritaire. L’incertitude est totale. Qui sait si une guerre peut être gagnée à 3000 kilomètre de ses bases par une nation qui ne produit pas la richesse nécessaire à la financer sur le long terme, sans compter les coûts sur le territoire hexagonal ? Qui sait si une sécurité des Français en France mieux garantie ne veut pas dire moins de sécurité sur toutes les cibles molles hors des pays occidentaux, sociétés, représentations, hôtels etc.. ?

Mais, sur un plan politique national, les choses sont plus claires : la principale conséquences des attentats est de rendre transparent le fait qu’il n’y a plus de parti socialiste en France. Ceux qui en doutent peuvent simplement se connecter sur la page web du parti qui se donne encore ce nom. ( voir http://www.parti-socialiste.fr/nos-valeurs). Lire. Et comparer les mots et les faits.

Il était déjà bien établi que la « critique historique du capitalisme » (langue socialiste du passé) avait été remplacée par une politique sociale libérale, et, par certains aspects, libérale tout court. Le Président Hollande l’était sans doute personnellement depuis longtemps, la politique du gouvernement a clairement fait sienne la vision d’une économie fondée sur l’offre, et la compétitivité de l’offre. L’avenir rose, c’est-à-dire la baisse du chômage, la compétitivité, passent par l’entreprise privée et par la souplesse du marché du travail. Taxer plus pour redistribuer est obsolète (en langue socialiste obsolète : la « redistribution des ressources et des richesses est nécessaire »). Il faut aider les entreprises à être compétitives dans l’économie de marché, pour soutenir le marché du travail, quitte à le déréguler. Manuel Valls « aime les entreprises ». Emmanuel Macron incarne en ce moment cette ligne, sans doute par son histoire professionnelle dans la banque, mais ce n’est pas une question de personne, un autre ferait tout aussi bien l’affaire. Bref, les socialistes parlent comme Valery Giscard d’Estaing : le socialisme, ça ne marche pas. On va surement trouver un moyen de rétorquer qu’en fait le libéralisme économique est une critique du capitalisme. Mais ça va demander des contorsions.

Autre (ancienne) valeur essentielle, la recherche de l’égalité et la lutte contre les injustices a été perdue de vue, comme en témoigne le vote ouvrier et employé tenté par une approche plus nationaliste. L’égalité qui passe par la redistribution des ressources taxées ? Un modèle obsolète. Etant donné les inégalités territoriales, les réduire aurait été possible avec une « politique de la ville » forte. Mais, celle-ci n’a pas eu lieu. On peut se souvenir de ce qu’a dit la cour des comptes « la situation économique des habitants des quartiers rénovés n’a pas vraiment progressé et la pauvreté y demeure à des niveaux élevés », et nul ne sait l’effort financier qui a été réellement consenti faute d’outil. On ne compte pas par ce que cela ne compte pas, l’égalité ne compte pas. La lutte contre la pauvreté, la lutte contre les inégalités, prioritaires, vraiment? Pareillement en matière de discrimination, l’abandon du (seul) symbole, les récépissés de contrôle d’identité par la police en disent long sur la volonté de gouvernement. La liste des renoncements à leurs valeurs n’est pas exhaustive dans ce court paragraphe.

En matière de sécurité intérieure, aucune vision de gauche : ni avant les attentats, ni depuis. Les attentats ont accentué une logique d’exception en matière judiciaire au nom de la prévention qui accorde des prérogatives exceptionnelles aux services de renseignement, à la police et aux juges d’instructions spécialisés comme l’a montré Vanesssa Codaccioni. Les nouvelles idées de gauche (déchéance de nationalité, légitime défense des policiers, etc…) sont empruntées à Mme le Pen et M. Ciotti, deux éminents penseurs socialistes. L’indigence de réflexion est-elle à ce point marquée ? L’assurance, pour le citoyen quel qu’il soit, que le pouvoir de l’Etat ne s’exercera pas sur lui de façon arbitraire et excessive n’est clairement pas la priorité de notre gouvernement « socialiste ».

Enfin, en matière de sécurité extérieure, en ces temps terroristes, se confond quelque peu avec la sécurité intérieure, M. Hollande a adopté le vocabulaire de Georges W. Bush et de son équipe de faucons néoconservateurs, un des grands penseurs socialistes sans doute : « la guerre au terrorisme », « le bien contre le mal ». La « guerre de civilisation » (nouveau socialisme) a remplacé la « guerre contre la pauvreté » (socialisme ancienne formule) : il engage les soldats au Mali en 2013, fait une tentative avortée au dernier moment de bombarder la Syrie de Bachar-el-Asssad, participe aux frappes en Irak, et maintenant décide leur intensification en Syrie.

Qu’il est loin le « projet de transformation sociale radical », qu’elle est loin « la tradition des lumières » (vielle langue socialiste). La combinaison du libéralisme économique et la conversion aux thèses des néoconservateurs américains laissent le gouvernement dans une telle situation d’éloignement face à ses idéaux programmés qu’il faut bien se décider à publier l’avis de décès du parti socialiste.

Les conséquences de cette disparition sont de laisser l’électorat face à un parti libéral et néconservateur (le PS), un parti libéral et néconservateur (LR), et un parti anti libéral et néoconservateur (le FN), et deux mouvances des sortes de « non partis », les écologistes et « l’extrême gauche ». Bonne chance à nous tous.

Mesures face au terrorisme: les surenchères ont commencé

L’ex-chef de l’Etat Nicola Sarkozy avait donné la tonalité en reprochant à Hollande de ne pas avoir pris la mesure « de l’extrême gravité de la situation ». Il laisse d’abord le soin à ses portes voix de réclamer « des mesures exceptionnelles », et notamment celle du député LR Laurent Wauquiez de placer en centre d’internement toutes les personnes avec une fiche « S » . Et le Premier Ministre Manuels Valls ne l’a pas rejetée : « Je suis ouvert à toutes les propositions car les Français demandent de l’efficacité », même si cela conduirait à constituer un prison illégale, hors du cadre de l’Etat de droit, rejoignant l’approche honnie de Gantanamo.

M. Sarkozy propose maintenant d’assigner à résidence toutes les personnes fichées S, avec un bracelet électronique, il a d’abord demandé à ce que « les personnes qui consultent des sites djihadistes » soient « considérées comme des djihadistes », sur TF1 dimanche 15 novembre. Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, a annoncé sur France 2 le même soir avoir entamé des démarches pour la « dissolution » de mosquées radicales, et M. Valls a confirmé, lundi matin sur RTL, que mosquées et associations radicales « qui s’en prennent aux valeurs de la République » doivent être fermées. Robert Ménard va dans le même sens : « Arrestation immédiate de tous les islamistes fichés S. (…) Création de camps de prisonniers. Fermeture immédiate de toutes les mosquées mêlées à l’activité islamiste radicale. Expulsion des imams et des fidèles étrangers liés à ces mosquées radicales. Surveillance ou arrestation de ceux naturalisés ou convertis ». Et pour les maires il recommande une police municipale dotée de « pistolets – mitrailleurs, pouvoir d’investigation. C’est un minimum ».

Des mosquées radicales on peut étendre le filet aux mosquées salafistes, du djihadiste à celui qui consulte un site djihadiste, et des islamistes aux convertis à l’Islam. Or, le but de l’Etat islamique est par l’effroi de provoquer une stratégie de tension intérieure. Selon Gilles Kepel, telle est bien la stratégie mise en place dès 2005 par Abou Moussab Al-Souri dans son Appel à la résistance islamique mondiale qui prévoit que la multiplication des attentats va engendrer des lynchages de musulmans, des attaques de mosquées, des agressions de femmes voilées et ainsi provoquer une mise à feu et à sang l’Europe. Les premiers éléments du débat politique et de la réponse gouvernement mal étalonnée peuvent alimenter la stratégie de l’EI en stigmatisant la population musulmane dans son ensemble.

La crainte qu’on peut avoir est naturellement que la sur simplification du problème et des solutions ne conduise à l’effet inverse à celui recherché, qu’elle soit une stimulation des vocations, une confirmation que c’est bloc contre bloc – chacun ayant des frontières bien définies, de pousser les indécis dans l’autre camp, bref de contribuer à communautarisation et à la radicalisation qu’on veut combattre.

Le 13 novembre. Terrorisme et cohésion nationale

Le 13 novembre : Politique étrangère, renseignement, sécurisation et cohésion nationale.

Après les attaques les plus meurtrières contre la capitale française et la France depuis 1945, les questions sont nécessairement plus nombreuses que les réponses. Et, les premières réactions « à chaud » sont nécessairement fragiles. Je pose avec précautions quelques questions sur la politique étrangère, le renseignement et la sécurisation des cibles, et la cohésion nationale.

1) Il est difficile de ne pas s’interroger, d’abord, sur les liens entre la politique extérieure de la France, et notamment dans son volet militaire, et l’intensification des attaques sur le sol hexagonal. En effet, l’implication de la France indirectement par le rôle des conseillers déployés au Moyen-Orient mais aussi directement par les frappes contre les camps de l’Etat islamique devait logiquement provoquer une réponse de ce dernier. Le ton martial et solennel, sans doute incontournable, ne doit pas être confondu avec le son de la victoire. L’idée qu’on allait se débarrasser des terroristes français avant leur retour en les éliminant en Syrie pouvait sembler probante si l’on n’anticipait pas ses conséquences : le désir de vengeance, et même le besoin de vengeance. Il s’agit de prouver à ses troupes que les coups portés par la France ne mettaient pas l’EI à genoux. Et, tout aussi logiquement, le Président Hollande a déjà tenu la même rhétorique de son côté : ce ne sont pas les centaines de morts à Paris au cours de l’année qui le feront dévier au contraire : « Allah est grand » et « La France est forte». On peut appeler cela l’engrenage de l’escalade. Je ne vois pas bien comment la France pourrait gagner ce type de guerre à des milliers de kilomètres de chez nous, ni d’ailleurs l’EI ici. Mais je vois assez bien comment chaque camp va réussir à tuer des membres de l’autre, et ce pendant de très longues années. On peut également anticiper que Poutine va avoir beau jeu de montrer aux occidentaux qu’ils s’étaient trompés de cible : Al Assad tuait son peuple, mais pas les citoyens de l’UE dans leurs pays respectifs. Restaurer son pouvoir mettrait un terme au vide politique en Syrie, et donc au vide militaire et policier, ce qui endiguerait les velléités de l’EI.

2) Il est difficile de ne pas s’interroger, ensuite, sur le fonctionnement côté réponse opérationnelle (sécurisation) et renseignement. Connaître le fonctionnement des services de renseignement français, chose assez complexe puisqu’il est secret. Mais la réalisation effective d’attentats multiples cette année, noire par son bilan, montre qu’ils sont à la peine. On avait compris qu’il n’était pas simple d’identifier et suivre des individus souvent présentés dans un premier temps comme isolés, des « loups solitaires », mais dont on a vu ensuite qu’ils n’agissaient pas seuls – car c’est impossible. Devant le nombre de cibles parisiennes ce vendredi 13, on devient plus sceptique encore. Comment autant d’équipes capables de frapper autant de cibles de manière coordonnée, ce qui implique nécessairement des dizaines d’auteurs et de préparateurs, ont-elles pu passer au travers du filet ? L’enquête le dira sans doute pour ce qui est des responsabilités au sens juridique et organisationnel. Et notamment sur la question de la multiplication des centres de coordination de la lutte anti terroriste : le fait d’empiler des structures semble plus ressortir de la volonté d’affichage politique de l’action et de la crainte de la critique d’une décision qui aurait défait un organisme quasi identique, ce qui pourrait être reproché en cas d’attaque. Mais, plus profondément, la question du traitement de l’information – je n’imagine pas que la DGSI et le renseignement territorial n’en ai point sur aucun des membres des attaques, même si je n’ai aucune preuve de cela – et du sens des signaux captés semble ne pas fonctionner. Le tri des informations, leur classification, leur interprétation n’est-il pas en cause ?

Au plan opérationnel, le fait de déployer des militaires fixés sur des points connus à l’avance (églises, sites sensibles) mérite d’être interrogé : n’est-ce pas un gâchis de l’usage de la force disponible que de la rendre prédictible ? Cela oriente les actes terroristes vers des cibles molles, et il y en a des dizaines de milliers au delà des sites classés seveso ou des églises comme Paris en a fait tristement l’expérience, mais aussi Londres et Madrid il y a dix ans. Ne faut-il pas mieux avoir des patrouilles qui quadrillent des territoires avec des itinéraires aléatoires. L’articulation des agents sur le terrain avec la population pour obtenir de l’information en temps réel pourrait également constituer un chantier, car les circuits traditionnels sont longs et les réponses lentes. L’alerte d’une patrouille mobile pourrait augmenter la complexité de réalisation des attaques et leur durée.

3) Il est difficile aussi de ne pas s’interroger, enfin, sur les conséquences des attentats sur la radicalisation des opinions des français. D’abord, tous les terroristes sont – jusqu’à présent et sous réserve de ce qu’on va apprendre pour le 13 novembre – français : il y a bien une question de politique étrangère mais également de sentiment d’appartenance à la communauté politique nationale qui n’est pas contenue dans la détention d’un passeport et renvoie à l’adhésion à des valeurs partagées. Ensuite, les attentats sont réalisés au nom de dieu, soit par des organisations qui se revendiquent de l’islam, soit par des individus qui le font au cours des actes, soit les deux. Je reçois ce jour de l’étranger, de pays musulmans où j’ai travaillé des messages de soutien et de compassion qui dénient d’ailleurs la qualité de musulman aux terroristes. Mais, dans les dynamiques collectives, c’est souvent « eux » contre « nous ». Quelque soit la faiblesse des fondements sociologiques de ces identités, elles sont brandies lors des confrontations afin de rechercher l’adhésion à leur cause au nom de quelque chose de commun. La cohésion nationale comme capable d’agréger des personnes différentes par leurs statuts, leurs croyances ou leurs langues est donc un enjeu essentiel. Je pense que le danger le plus grand se tient dans le renforcement d’une division religieuse dans la société française et je dis renforcement car ce serait nier la réalité de dire qu’elle ne se manifeste pas déjà. Les attentats augmentent la crainte, la défiance entre groupes sociaux. Les informations dont la police a besoin sont dans ce cas moins souvent communiquées. Le renforcement des mesures policières pousse au contrôle de populations dont sont, dans un sens vague, issus les groupuscules terroristes, mais dont l’immense majorité n’aurait jamais approuvé et évidemment encore mois commis de tels actes. Ce ciblage ressenti comme une humiliation place un doute sur la place qu’on a dans la société alimente alors la rhétorique de l’EI qui fait de la France un ennemi de l’islam. Je rajoute que c’est bien, pour une part, dans les interactions quotidiennes avec les forces de l’ordre que se construisent les ressentiments et les émotions qui fabriquent nos attitudes vis-à-vis de la collectivité politique et pas uniquement sur internet. Nos dirigeants ont pris le plus grand soin d’éviter l’amalgame entre terroristes et croyants en général, mais dans une situation de radicalisation des tensions cela risque bien de ne pas être suffisant. Dans cet espace de méfiance, les terroristes trouvent des interstices qui leur seront bien utiles.

Sarkozy et la sécurité ou pourquoi l’insignifiant bruissement résonne comme le canon

L’ancien ministre de l’Intérieur et l’ancien Président Sarkozy a annoncé le 2 novembre ses propositions choc pour la sécurité après avoir reconstitué un groupe sur le sujet composé d’anciens responsables de la police, la gendarmerie et du cabinet d’anciens ministres, ou d’anciens ministres dont le défenseur des Auvergnats, mais pas trop nombreux.

Avec tous ces anciens, il ne fallait pas s’attendre à du nouveau. En effet, n’ayant porté aucune réforme novatrice pendant tant d’années, les voir accoucher de quelque chose maintenant aurait surpris. Mais nous sommes rassurés. Ouf, rien à dire !

Sur la crise de l’autorité de l’Etat, le mieux est de renvoyer l’ex ministre, ex Président à son bilan : que ne l’a-t-il restaurée pendant qu’il était aux manettes ? Que n’a-t-il endigué la montée des attentes aux personnes qui n’a cessé durant ses mandats, malgré des prisons plus pleines. Pareillement en matière d’organisation du ministère : que n’a-t-il réuni les douanes, la police, la pénitentiaire et la gendarmerie à ce moment à ! On se demande à quoi il aurait servi de développer la police pénitentiaire hors de la police, si c’est finalement pour la réintégrer, mais c’est un détail.

Le patron de l’ex UMP a estimé qu’ « Il faut concentrer le travail de la police et de la gendarmerie sur l’ordre public, le renseignement, l’investigation. Et la libérer de toutes les tâches secondaires ou périphériques ». J’ai un peu de mal à voir comment une erreur aussi grossière a pu être validée par les experts de Les Républicains. La première fonction, historique, de la police et celle qui est attendue correspond à la tranquillité des citoyens, la sécurité publique. Quid de l’aide et de la prise en charge des victimes ? Ce sont les choses les plus attendues, et estimées par les électeurs et les usagers avoir la plus grande valeur. On sent la patte des experts de la PJ (la police judiciaire) qui travaille isolée des citoyens, et de la PP (la préfecture de Paris), elle aussi séparée des électeurs et travaillant sous l’autorité du Préfet de Paris et personne d’autre. Une vision venue du passé donne un vision du passé pour le futur. J’ajoute, que la mission de la police est également de permettre la liberté d’opinion, de rassemblement et d’expression.

Grand défenseur d’une police et une gendarmerie aux agents plus nombreux et mieux payés lors de son premier passage à l’Intérieur, Sarkozy Président avait pris les orientations inverses : moins c’est mieux, et la privatisation voilà la solution. Plus un peu de police municipale, étant donné que ce n’est pas l’Etat qui paie, c’est la bonne voie. La mise en œuvre correspond au franchizing, comme pour le McDo : vous avez le droit de faire le job si vous vous en tenez au cahier des charges, et de mettre le logo sécurité ou police sur vos voitures et bâtiments. Ainsi soit-il sur les autoroutes : « Je souhaite que les concessionnaires d’autoroutes aient la charge de la sécurité. Je ne vois pas pourquoi cela doit être exclusivement un motard de la gendarmerie ou de la police qui doit faire les contrôles de vitesse ». Avec une délégation de service public, c’est le nom du franchizing dans le secteur public, on peut y aller.

Remettre la police dans les quartiers sensibles, c’était un objectif énoncé dans le rapport Peyrefitte en … 1977. La gauche l’a fait, en 1997, Sarkozy a accéléré le démantèlement, en 2002, il en rêve aujourd’hui à nouveau. Il faudra m’expliquer comment quelque chose qu’il a jugé mauvais et non réalisable budgétairement lorsqu’on avait plus de marge s’est muté en son contraire. Mais ne faisons pas la fine bouche. Cela reste une idée intéressante, qui mérite d’être remise sur le tapis, reformulée. On ne sera pas surpris que d’après RTL « Selon un autre proche de l’ancien chef de l’État, les deux principaux collaborateurs de Nicolas Sarkozy, Frédéric Péchenard, (…), et Michel Gaudin, (…) ne croient pas à la faisabilité d’une « vigie » policière dans « les quartiers les plus difficiles ». Ah quand on vient de la PJ et la PP, le local proche des gens, ça n’est pas la priorité.

Mais alors, pourquoi tant d’intérêt de la presse pour si peu et si vieux ? L’explication est simple : la gauche vit dans le « désert des propositions », un espace de vide. Etre contre ce que propose Sarkozy n’équivaut pas à avoir des idées. Elle s’est cantonnée dans une approche gestionnaire des relations avec les syndicats, de neutralisation des zones de conflits qui se traduit pas une absente totale d’innovation pour ce qui concerne la sécurité du quotidien. A part les effets d’annonce ZSP, et la focalisation sur le renseignement – qui a sa logique mais navigue à mille lieues de la délinquance ordinaire – c’est en effet le désert. Aucune grande ligne de réforme en vue, pas de perspective. Ainsi, n’y a pas de croissance, et donc pas de surcroit de revenus, mais on n’envisage pas de réfléchir à la possibilité de changer le business model. Ainsi, il y a une demande aiguë de service dans les quartiers populaires mais rien n’est prévu. Ainsi, il y a un déficit de légitimité mais pourquoi s’en préoccuper ?

Ceci ne vous rappelle rien ? Après la victoire de 2007 de Chirac, la gauche tétanisée par sa défaite n’osait plus avancer quoique ce soit sur le domaine de la sécurité. Terrorisée par les trois idées du Sarkozy de l’époque. Remake ?